Comme
un fragment du monde : photographies de Sarah Perrig et Pierre Vallet
Sarah Perrig : Née à Sion en 1974, Sarah
Anakena Perrig étudie à l’Ecole Nationale Supérieure
de la Photographie d’Arles. S'ensuivent de nombreux voyages où
l’ici et l’ailleurs se font échos dans un travail qui
cherche à rendre ses étonnements, ses interrogations face
aux visages et aux expériences rencontrées.
En 2001, elle réalise un film documentaire au Mexique; Les
derniers zapatistes, héros oubliés, qui remporte de
nombreux prix dans le continent américain, notamment à Cuba,
à Los Angeles et qui est nominé à l’Ariel mexicain
2003. Parallèlement elle élabore une archive photographique
sur ces hommes, ces femmes et ces enfants ignorés par la Révolution,
oubliés par la société contemporaine. Elle produit
également un travail plus personnel sur cette expérience du
voyage qu'elle exposera notamment lors de la Biennale de la photographie
et des arts visuels de Liège en 2002.
De retour en Suisse, elle fait son stage de réalisation à
la TSR et travaille également avec la dramaturge Marielle Pinsard,
sur le projet « Chroniques lausannoises ou quelques oreilles à
Pinsard » au théâtre de l’Arsenic. Cette aventure
renforce le besoin de renouer avec son pays et d'explorer le mystère
d’un paysage en évolution.
De la ville à la campagne ou de la campagne à la ville, elle
construit des petites séquences qui interpellent l’homme au
travers de la transformation de son territoire. La forme expérimente
la durée du regard et reconstitue la mobilité dans l’immobilité
de l’acte photographique. Les images mises en scène en collaboration
avec le designer Fred Pfefferlé, sont comme des strates choisies
dans la topographie du paysage. Elles s’interrogent sur elles-mêmes
comme sur autrui; ce sont de petites conversations partagées entre
ciel et terre et qui placent le spectateur au cœur d’une fiction
parfois plus vraie que le réel.
Pierre Vallet : Né à Lyon en 1953, lauréat
de la Fondation Nationale de la Photographie et du prix de la Villa Medicis
Hors les Murs, Pierre Vallet est notamment l'auteur de En
Vieille Europe (textes de Nicolas Bouvier), de Kairouan
(textes de Sapho) et de Le Mans, instants
(texte de Jacky Ickx). Il expose depuis vingt ans dans les principaux lieux
consacrés à la photographie en Europe.
Pour cette exposition, il a choisi de montrer deux facettes de son travail
: La première, réalisée avec un appareil panoramique,
insiste sur le graphisme de l'écriture nivale et des éléments,
afin de sublimer et de re-transformer par sa vision, ce monde minéral;
c'est "l'avénement de la splendeur" (M. Butor). L'humain
est comme un point, une empreinte d'un grain de résine sur une aquatinte;
ses images sont comme des héliogravures géantes, laissant
à chacun d'imaginer son propre voyage, d'imprimer sa propre trace;
" il faut, il nous faut des traces, n'est-ce pas ?" (J-P. Spilmont)
Dans la seconde partie nous entrons dans un univers imaginaire; ces paysages
montagneux, aiguilles et pics, sont le résultat d'observations, de
lentes transformations de matières organiques, de regards …
La finalité de cette réflexion se trouve et s'inscrit sur
le support argentique; après sulfuration, les tirages sont virés
dans un bain de chlorure d'or. La sublimation des choses ordinaires est
d'imaginer, encore, et de rêver. "L'homme ne souffrira jamais
du manque de merveilles mais du manque d'émerveillement" (L.
Chesterton)
Château d'Aigle, Maison de la Dîme, du 5 au 18 juillet 2004, lun.-dim. 10H00-18H00
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